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Blog d'auteur

Bienvenue. Après trois romans policiers, venez lire mon petit roman fantastique gratuit, L’Étrange monsieur Sergent...

Implosion (2)

Deuxième épisode. Ecrit expérimental portant sur notre société contemporaine. Nous avions laissé Modeste au Rwanda aux prises avec les miliciens. On le retrouve plus tard réfugié en France...

 

 

Modeste se réveilla en sueur. Il s’assit sur son lit en se tenant la tête entre les mains, puis se leva doucement et marcha sur la pointe des pieds pour ne réveiller personne. Il but un verre d’eau à la cuisine, se dirigea vers la fenêtre et regarda les lumières de la ville. Il n’y avait pas grand-chose à voir à cette heure-là. Peu de voitures arpentaient la rue, seuls les lampadaires éclairaient les diverses allées de la cité Picasso.

En descendant, il pesta contre une boite de pizza et une cannette laissée dans l’escalier menant au rez-de-chaussée. Ce devait être encore les petits voyous du quartier qui faisaient leur commerce. Ils changeaient de bloc chaque jour. Il en avait bien parlé aux anciens du quartier, mais ceux-là se disaient impuissants devant certaines jeunes, dont les parents eux-mêmes cautionnaient les agissements ou du moins ne refusaient pas les billets que leurs enfants eux-mêmes leur tendaient. C’était une minorité, parfois des groupes de 5 ou 6 avec des rôles bien précis, les plus jeunes à la surveillance, les plus aguerris à la planche à billets, parfois une ou deux familles entières. Une minorité qui faisait du tort à la grande majorité, qui faisait ce qu’elle pouvait pour aller travailler. Le taux de chômage s’élevait tout de même à 35% de la population active, ce qui faisait qu’au fond, en éliminant tous ceux qui avaient l’âge d’aller à l’école et ceux qui étaient à la retraite ne laissaient que quelques-uns aller au travail. Modeste partait donc chaque matin à 6h30 pour aller prendre le bus et se rendre à son usine. Là-bas, peu de gens l’avaient vu sourire, aucun ne l’avait vu se plaindre. Jamais. Ni lui, ni son fils ne le faisaient. En attendant le bus, Modeste eut une petite pensée pour ce dernier. Il se sentait un peu inquiet en ce début septembre. Pacifique, 15 ans, allait rentrer au lycée ce jour même. Son fils n’avait pas réalisé un très bon parcours scolaire, mais jamais on ne lui avait reproché quoi que ce soit sur son attitude, son savoir-être, et pour ça Modeste était fier de son fils, c’était la preuve qu’il avait reçu  une bonne éducation.

Le bip de la pointeuse marqua l’arrivée en avance de l’employé modèle.

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